Tout Autour des Cultures
Motifs de Régions

Les éditions régionales
du pays grassois

Préface
L’écriture, c’est l’audace, la liberté, la conquête de soi qui s’adresse à l’autre pour qu’il voie plus clair en lui, plus clair en vous, et plus clair alentour. L’écriture, c’est une fin qui justifie les moyens, et des moyens qui permettent d’atteindre cette fin. Les auteurs du précédent recueil l’ont prouvé, et ceux de cette année le confirment : il n’y a pas d’âge pour écrire bien et vrai ; il suffit de savoir concilier la précision et l’imagination, la rigueur et l’émotion, la syntaxe et le style.

“ Cékoi, cétrucs ? ” grommelleront certains pour qui l’écriture n’est qu’un moyen de transmettre le plus vite possible des infos par texto – l’équivalent littéraire du sachet de potage en poudre, comparé à la soupe moulinée avec de vrais légumes.

Eh bien, la syntaxe, justement, c’est de la soupe de mots qui prend du temps, mais qui respecte la nature et la saveur de chaque ingrédient. La syntaxe, c’est la rencontre entre les lois de la langue et les questions de goût. C’est la fabrication de l’harmonie, la construction du sens, l’ordre au service de la liberté de créer.

Et le style, c’est le plus court chemin pour aller de l’auteur au lecteur. “ Plus court ” ne veut pas dire “ expédié ”, “ survolé ”, “ schématique ”. Il n’est question que de simplicité – la plus dure des qualités pour un écrivain, car elle ne vient jamais toute seule ; c’est le fruit d’un travail et non le reflet d’un caractère. La simplicité, c’est l’économie de moyens au service de la clarté, de l’émotion, de l’efficacité. Il ne s’agit pas de se rationner ni de céder à la mode de l’édulcorant “ light ”, mais de composer une musique avec peu de notes inutiles, peu de fioritures qui sonnent faux.

Grâce aux enseignants qui ont stimulé et encadré la création chez leurs élèves – et grâce à la synthèse subtile à laquelle ces derniers ont dû se livrer, entre l’écoute des conseils et la rébellion nécessaire chez l’artiste – on lire les textes de ce recueil comme de belles histoires, mais aussi comme de bonnes nouvelles : la littérature, qu’on prétend sur le point de mourir depuis l’invention de l’imprimerie, renaîtra toujours de ses cendres, chaque fois qu’un jeune ressentira l’envie et la nécessité d’arrêter le temps, sur papier ou sur écran, pour essayer de refaire le monde.

Didier van Cauwelaert
Président du jury